Entre machisme et coupe mulette, le Dr Michaela Quinn s’efforce de soigner le mal(e) à la racine.
Le petit cabinet dans la prairie
1860 et des brouettes…
Dr Quinn, prénommée Michaela en hommage au roi de la pop, quitte son Boston natal avec l’ambition de devenir la première femme médecin « à la limite des terres colonisées ». Armée de son seul stéthoscope et de son serment d’Hippocrate, elle déboule dans la petite commune de Colorado Springs (classée désert médical par Marisol Touraine) dans le but d’aider son prochain sans « considérations d’âge, de maladie ou d’infirmité, croyance, d’origine ethnique, de sexe », etc. Mais c’est sans compter sur l’hostilité des Rednecks à nuque longue, qui voient débarquer d’un œil torve (et pas seulement à cause de la consanguinité) cette sorcière rousse femme médecin de la ville dans leur tranquille patelin des Rocheuses.
Dans le néant social et culturel de l’Amérique pré-Trump, « Docteur Mike », comme l’appellent les autochtones (qui n’ont manifestement jamais entendu parler de Thriller ou de Beat it), peut heureusement compter sur le soutien du beau Sully. Sully. L’homme des bois. Mi-indien, mi-ténébreux. Le McGyver des pièges à loup et des caleçons en peau de loutre, à qui il a piqué à la fois la mulette et la technique d’épilation à la sève lui permettant de présenter en toutes circonstances une impeccable barbe de deux jours.
Elle trouve également une alliée dans l’unique infirmière du village, qui décédera cependant de manière opportune tragique dès le pilote, en lui léguant un local clé en main pour y installer son cabinet médical. Ayant également hérité des trois orphelins de la rebouteuse, elle devra faire face à ce qui représente « sans doute le plus grand défi de sa vie » : ÉDUQUER DES PRÉ-ADOLESCENTS. Matthew, dont le haut-fait le plus marquant consistera à dire non à la prostitution. Colleen, la teenager sensible mais déterminée, qui, à force de vouloir ressembler à sa mère d’adoption, finira par ne plus se ressembler du tout. Et le jeune Brian, qui connaîtra la postérité en tant que coiffeur-visagiste en initiant les Beatles à la coupe au bol.
Désormais à la tête d’une famille monoparentale et d’un patientèle un tantinet récalcitrante, Docteur Mike peut sereinement affronter tous les aléas du scénario : épidémies fulgurantes, catastrophes naturelles, crises d’adolescence, Manif pour Tous et pénurie de crème antimycosique.
Mais Michaela est brave comme un Sioux et tenace comme une gastro à rotavirus. Déterminée à soigner du bouseux coûte que coûte, elle parcours les grandes plaines infestées de Cheyennes et les saloons infestés de Chlamydias, animée d’un implacable esprit de justice et d’égalité.
Quitte à crever quelques abcès au passage…
Dr Quinn, reine des chieuses
Car oui, disons-le franchement, Dr-Quinn-femme-médecin est une emmerdeuse. Comme Charles Ingalls à peu près à la même époque et à quelques bouses de vaches de là, Michaela a cette propension à vouloir aider celui qui n’a vraiment, mais alors vraiment rien demandé. Influencée dès son plus jeune âge par les paroles de We are the World, elle s’acharne à vouloir rassembler les communautés que tout oppose (les Noirs et les Blancs, les Indiens et l’U.S. Army, les prostituées et les fabricants de savon) tout en prodiguant à tour de bras son fameux remède universel à base d’écorce de saule, toujours en attente d’approbation par l’ANSM. Mais tout comme son illustre compatriote coupeur de bois du Minnesota, Dr Quinn se fout du qu’en-dira-t-on comme de son premier corset. Juchée sur ses talons bobines et ses prétentions égalitaristes, cette suffragette des zones rurales se battra jusqu’à épuisement des audiences pour affirmer son droit à trépaner sans distinction.
Ce n’est qu’au terme de 6 saisons mé(dica)lodramatiques que Michaela parviendra à se faire accepter des prostituées et des trousseurs de chèvres de la communauté bien-pensante, en se décidant à se marier, à faire des enfants et à réussir enfin sa recette du pain de viande.
Publié pour la première fois sur la-chips.com, 2013. Dernière édition 2017.
Imaginons la série produite aujourd’hui. La Fox nous aurait bien fabriqué un petit Cross-over. Docteur Quinn/La Petite maison dans dans la Prairie.
Le docteur Quinn et le docteur Baker arriveront-ils à sauver Laura Ingalls ?
Madame Oeleson fera-t-elle un malaise comme Christine Boutin face au Homo en rentrant dans le tripot/saloon de Hawk et en regardant les prostitués soulever leurs jupons ?
Qui de Charles ou Sully fera le plus de Tweets quand ils enlèveront leur chemises mouillées de sueur en abattant un arbre à la hache.
Je lance immédiatement un kickstarter pour ce cross-over !!!
C’est sûr c’est une sacrée pénible cette docteur Quinn, elle sait tout, elle fait tout, elle emmerde le monde, elle peut pas rester tranquille dans son « soit-disant » cabinet de médecin , à soigner les vioques qui ont la morve au nez.
Enocre une fois, l’Amérique nous régale de sa morale et de son puritanisme à deux francs
Merci la chips de nous ouvrir les yeux
C’est mon devoir!